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QUAND « LES NOMADES ALGÉRIENS » RENCONTRENT DES NOMADES ALGÉRIENS RÉHABILITONS ET CONSTRUISONS NOTRE HISTOIRE Association « Les Nomades Algériens » Bulletin d’information ~ Numéro 10 | Décembre 2015 * Nous avisons nos lecteurs que les opinions contenus dans le Nomad’us n’engagent que leurs auteurs. La statue de La Liberté a été construite par des français, les américains en sont très fiers. Les maures ont bâti la Alhambra, elle fait la fierté des espagnols. Pourtant, souvent nous portons un regard étranger sur ce qui nous a été légué durant les différentes périodes coloniales. Si on ne considère pas le patrimoine architectural et urbain colonial comme étant algérien, il sera facile de le laisser s’effriter sous nos yeux. Au nord comme au sud, ce que nous avons construit comme ce que nous avons hérité, réhabiliter est notre responsabilité, Réhabiliter c’est reconstruire. Réhabiliter notre passé, mais aussi, bâtir notre avenir, un futur construit pour des personnes non pas pour des chiffres ou des profits. Bien bâtir sa ville revient à mieux y vivre. «KSAR D’AGHLAD : UNE LEÇON D’ARCHITECTURE DU MAALEM - ARCHITECTE ALGERIEN KACI MAHROUR » Par Illili MAHROUR - Page 6 Par Issam BEKHTI - Page 3 Par Amina HADJI 10 ème NUMÉRO

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Bulletin d'information n°10 de l'association culturelle "Les nomades Algériens", Oran

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Page 1: Nomad'us 10

QUAND « LES NOMADES ALGÉRIENS »

RENCONTRENT DES NOMADES ALGÉRIENS

RÉHABILITONS ET

CONSTRUISONS NOTRE

HISTOIRE

Association « Les Nomades Algériens » Bulletin d’information ~ Numéro 10 | Décembre 2015

* Nous avisons nos lecteurs que les

opinions contenus dans le Nomad’us

n’engagent que leurs auteurs.

La statue de La Liberté a été construite par des français, les américains en sont très fiers.

Les maures ont bâti la Alhambra, elle fait la fierté des espagnols.

Pourtant, souvent nous portons un regard étranger sur ce qui nous a été légué durant les différentes périodes coloniales.

Si on ne considère pas le patrimoine architectural et urbain colonial comme étant algérien, il sera facile de le laisser s’effriter sous nos yeux.

Au nord comme au sud, ce que nous avons construit comme ce que nous avons hérité, réhabiliter est notre responsabilité, Réhabiliter c’est reconstruire.

Réhabiliter notre passé,

mais aussi, bâtir notre avenir,

un futur construit pour des

personnes non pas pour des

chiffres ou des profits.

Bien bâtir sa ville revient à

mieux y vivre.

«KSAR D’AGHLAD : UNE LEÇON D’ARCHITECTURE DU

MAALEM - ARCHITECTE ALGERIEN KACI MAHROUR »Par Illili MAHROUR - Page 6

Par Issam BEKHTI - Page 3

Par Amina HADJI

10ème

NUMÉRO

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Connue pour être la pâtisserie traditionnelle par excellence au Maghreb, je suis généralement préparé par vos grands-mères lors des fêtes religieuses telles que l’Aid el Fitr. Je suis certain que vous m’avez reconnue, il n’y en a pas dix d’aussi sucrées que moi.

Eh oui ! C’est moi, , connu aussi sous le nom de Mkirat ou de Magroud. Mais savez-vous réelle-ment d’où je viens ?

L’histoire est toute simple. Mes ancêtres ont vu le jour en Tunisie à Kairouan au IX e siècle, puis se sont décidés à voyager en bons nomades un peu partout au Maghreb et même au-delà. Figurez-vous que je suis même consommé à Malte grâce à la dynastie arabe des Aghlabides qui m’y ont emmené.

Depuis, je suis devenu la vedette des pâtisseries traditionnelles. Vêtu en hiver comme en été d’une tenue modeste à base de pâte de semoule et de blé dur, décoré par une autre pâte de dattes, d’amandes ou de figues, je reste fidèle à moi-même, toujours bien découpé, toujours bien frit et surtout toujours bien siroté.

Je parie que vous avez l’eau à la bouche rien qu’à l’idée de m’imaginer ! Qu’attendez-vous pour transmettre ma recette aux autres générations ? Je tiens à rester éternel MOI !

LE MC ROAD FAIT DES SIENNES ! / MODESTIE QUAND TU NOUS TIENS !

Oran, tout comme quelques grandes villes du pays, a connu

la succession de plusieurs civilisa-tions : ottomane, espagnole et fran-çaise. Ces civilisations lui ont légué un riche patrimoine qui est désigné par le terme « vieux bâti ».

L’image des architectes est encore aujourd’hui excessivement liée à la construction neuve. Or, la réha-bilitation des bâtiments existants représente pour eux un enjeu à la fois économique, social, culturel et environnemental : il y a urgence à le prendre au sérieux.

La réhabilitation est aujourd’hui en plein essor à Oran. La wilaya a bénéficié d’une enveloppe financière équivalente à (700+1500) millions de dinars pour faire face à la réhabili-tation de 200 à 400 immeubles, dans le but de donner plus d’impact à cette opération..

Oran comptabilise quelque 54 000 constructions classées vieux bâti avec 10% estampillées « à détruire » et 27% classées orange nécessitant leur réhabilitation. A ce propos, un programme de 200 immeubles à rénover dans le centre-ville d’El Bahia est réparti à travers trois zones dans le vieil Oran, avec notamment 31 immeubles à Sidi El Houari, 49 au quartier Derb et 120 immeubles à travers le centre-ville. Par la suite, 400 autres immeubles recensés dans les vieux quartiers de Sidi El Houari et Derb seront pris en charge par les services techniques de l'OPGI (Office de Promotion et de Gestion Immobilière) dont l’expérience n’est

plus à prouver. L’OPGI a lancé l’opération de réhabilitation des 600 immeubles qui ont été confiés à des entreprises spécialisées. D’autres actions de requalification urbaine du patrimoine ancien ainsi que la mise en valeur des espaces sensibles sont en cours dans le centre-ville d’Oran.

Si l’on parle de réhabilitation, il faut aussi évoquer la question des quartiers sensibles ou la dégradation des équipements et de l’habitat avec la relégation des résidents.

La dimension culturelle du bâti dans ces quartiers est incontournable et les architectes constatent à quel point compte pour les habitants la reconnaissance d’un patrimoine dans leur quartier et l’urgence qu’il y a à le valoriser et souvent à le réhabiliter.

Si l’on prend au sérieux cette demande de réhabilitation dans ses multiples facettes, l’intervention des architectes est tout autant salutaire.

RÉHABILITER... POURQUOI ?

Par Ikram KOHLI

Par Hayet KERRAS

Dans notre manque d’architectes spécialisés dans le domaine , à jusque là poussé les autorités à recourir à des spécialistes étrangers, d’ailleurs les étudiants voulant se spécialiser dans la réhabilitation partaient conquérir ce savoir sous d’autres cieux, fort heureusement ce manque sera supplée grâce à la sor-tie de la première promotion d’ar-chitectes spécialistes en patrimoine en 2015; ces architectes aurons les aptitudes et qualifications requises afin de mener à bien les opérations de réhabilitation.

املقروض

Batiment réalisé par l’architecte Fernand Pouillon - Photo par Mourad HAMDAN

QUAND « LES NOMADES ALGÉRIENS » RENCONTRENT DES NOMADES ALGÉRIENSN’avez-vous jamais pensé à faire l ’Algérie d’est en ouest ? Certainement, oui. C’est passé dans la tête de chaque Algérien un jour quelque part. Moi, je voulais découvrir autre chose, un autre défi, une autre folie : l ’Algérie du nord-ouest à l ’extrême sud-est. Destination Djanet.

Il est très impressionnant d’ouvrir la carte du plus grand pays d’Afrique

et de mettre un doigt sur Oran et un autre sur Djanet. 2600 kilomètres, un pays de long en large, en diago-nale. Prendre son sac avec ses amis et que l’aventure commence !

En démarrant, il fallait bien se préparer à passer plus de 24 heures sur les routes. Première étape : Oran-Alger par train, assez confortable je l’avoue et dans une ambiance bonne enfant. On fait escale dans la capi-tale. Chacun passe la nuit de son côté chez de la famille ou des amis.

Le lendemain, le rendez-vous est pris à la gare routière de Kharrouba pour prendre le car de 10h à destina-tion d’Illizi. Derniers achats, tout le

monde est là, on monte et par curio-sité je demande au chauffeur quand est ce qu’on arrivera en principe, il me répond sans sourciller « Demain à 13h », après un petit exercice mental, j’ai compris que ce sera plus long que long et c’était assez amusant de savoir qu’on allait passer 27 heures dans un car tout en sachant qu’à la fin, il faudra aussi prendre un autre trans-porteur pour faire les 405 kilomètres qui relient Illizi à Djanet. On pensait tous qu’on allait s’ennuyer, mais fina-lement avec l’ambiance à l’intérieur du véhicule, la musique et surtout les différents types de paysages qu’on a parcouru, de la verdure au désert tout en passant par le désert rocheux, on peut dire que c’était moins difficile que ce que l’on pensait.

Nous sommes arrivés à Illizi vers les environs de 13h et le dernier car à destination de Djanet était parti vers midi. Le temps de manger dans un petit restaurant et de commencer à chercher un moyen de traverser le parc national Tassili N’Ajjer et de relier l’oasis. Après plusieurs heures de négociations, nous avons décidé d’y aller avec des 4X4 aux alentours de 17h. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’une grande partie de la route était en chantier et nous avons dû suivre un chemin bosselé et sinueux à petite vitesse, ce qui nous a permis aussi d’admirer le décor lunaire au coucher du soleil avec de la roche à perte de vue, et là, on avait vraiment l’impres-sion d’être sortis de la partie sablée du désert et qu’on était en train de fran-chir un nouveau rideau. Sur la route, à la tombée de la nuit, nous avons pu surprendre sur le bas-côté un fennec,

il était furtif mais très reconnaissable avec ses grandes oreilles. Le chauffeur nous dit que c’est rare de pouvoir les voir parce qu’ils appréhendent de très loin la présence des humains. Les surprises ne font que commencer.

C’est vers les coups de minuit que nous sommes finalement arrivés à Djanet et ça nous faisait environ 36 heures de route en tout. Inutile de vous dire que nous étions lessivés. Dès qu’on a mis les pieds dans le village, nous avions déjà trouvé une famille qui nous invitait à dîner. La femme qui nous accueillait venait d’Oran et on lui rappelait bien sa région. C’était très touchant, sur-tout à cette heure si tardive de la nuit. Tout de suite après, direction l’auberge de jeunes du village. Bonne nuit. A demain.

Le lendemain, chacun se réveille comme il peut. On a quar-tier libre, une occasion de visiter le village. Mon premier réflexe a été d’aller au café principal de Djanet, histoire de se fondre dans la masse, même si j’étais bien reconnaissable comme étant un touriste. Mais d’abord, j’ai pris le temps d’admirer la vue depuis l’auberge de jeunes qui dominait tout le village depuis la falaise. Rapidement, je me suis retrouvé assis avec un Targui qui me parlait de la région puis de sa femme qui accouchait à l’hôpital d’en face. Après un passage par le marché des Touaregs, avec des tenues propres à la région et une musique spécifique si variée, j’ai jeté un coup d’œil à la maison de jeunes et j’y ai vu des artistes pleins de

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ocres et poussiéreux, pas d’airs de jeux entretenus pour les enfants, tout ce qui est espace commun est aban-donné à lui-même, souvent à cause d’un voisin qui ne veut pas contribuer à payer les charges d’entretien ou par manque d’engagement social des copropriétaires. Devons-nous leur en vouloir ?

Des études ont démontré que l’habitat HLM en France a causé plusieurs dégâts à moyen terme en matière d’échec scolaire, de délin-quance et actuellement, ils sont en train de préparer leur destruction pour mieux faire. Ce qui est inquié-tant chez nous, c’est qu’on peut faire plus adapté à notre société et pour moins cher si l’on s’ouvre à la nou-velle vague d’architectes algériens qui partent souvent à l’étranger pour

L’HABITAT ET LE VIVRE ENSEMBLE EN ALGÉRIE

Par Issam BEKHTI

pouvoir exprimer leur métier, loin de leur frustration de ne pouvoir bâtir leur pays, au lieu de se rési-gner à refaire du logement social qui est complètement antisocial.

L’habitat n’est pas une question de chiffres, c’est une question trop sérieuse pour être réduite à cela. C’est toute une histoire, un présent et des aspirations futures, une vision. L’art ne peut se dissocier de l’architecture et plus on réduit sa part dans une bâtisse, moins c’est habitable. Alors, com-ment pouvons-nous espérer que la lumière pénètre et illumine nos maisons et nos cœurs à partir de cubes en béton dont les fenêtres sont si étroites ? Et pourtant, on y croit. L’histoire retiendra que les 54 premières années de l’Algérie indépendante, on a si mal bâti.

Visiter une ville, c’est comme faire un voyage dans le temps, lire son

histoire à travers ses sources d’eau, ses ruines et son architecture. En se promenant à Oran par exemple, par-tant du quartier de Sidi El Houari (construction ottomane et espagnole) jusqu’au centre-ville haussmannien (construction française), puis passant par la partie est de la ville (construc-tion post-indépendance) et au-delà de l’état des constructions les plus anciennes qui tombent en ruine, nous pouvons constater que la der-nière couche est la moins esthétique et la moins appropriée et pourtant, jamais l’Algérie n’a été aussi riche de son histoire.

Le constat est que nous construi-sons depuis plus d’un demi-siècle des cités dortoirs, des ghettos et non des espaces de vie, mais plutôt de survie. On confond toujours le rez-de-chaussée avec le premier étage. Les espaces dits « verts » sont plutôt

talent où le tamasheq est roi tout en restant ouvert au blues, au rap et aux diffé-rentes musiques et cultures algériennes. On se rend vrai-ment compte de la diversité de la population algérienne, cette diversité qui nous offre une si grande richesse.

Finalement, le jour de la sortie au désert est venu. Nous rencontrons l’agence de tou-risme de bon matin. Après une bonne heure d’inscription à l’office de protection des parcs nationaux qui nous a donné les autorisations pour accéder au parc national du Tassili N’Ajjer, nous sommes sortis pour 6 jours et 5 nuits faire le circuit nommé « La Tadrart ». La première station nommée Moul N’aga symboli-sant l’immersion totale dans le circuit n’a été prévue que par 4X4 vu la distance qui sépare la station de la ville de Djanet et là, la vue était tellement belle, le lieu était tellement serein, le silence était tellement imposant qu’il aurait été insolent d’élever la voix.

Une fois gagnés par l’euphorie de la nature, la réalité nous rattrape et on se met vite à faire nos tentes avant que la nuit ne tombe. L’équipe de Touaregs venue nous accom-pagner est réglée comme une hor-loge, même si le temps là-bas défile doucement. Chacun à sa mission, entre le cuisinier, l’aide cuisinier et quelqu’un pour allumer le feu et décharger les voitures. Il y’avait des ratios de nourriture et d’eau pour tout le groupe jusqu’à la fin du séjour. Ni plus, ni moins.

Réveil le matin, soleil doux. On défait nos tentes, fait notre petite toi-lette matinale et on prend notre café. Le guide Cherif est déjà prêt pour la randonnée et nous attend patiemment. Une fois le café terminé, pas de place pour le bavardage, chacun prend son petit sac avec une bouteille d’eau et de quoi reprendre de l’énergie et un chèche ou un chapeau de quoi de se protéger des insolations car le soleil tape fort en milieu de journée. Nous marchons lon-guement dans un décor époustouflant, de temps en temps le guide nous fait des petits arrêts pour prendre quelques photos de certains endroits et aussi pour reprendre notre souffle un peu. Les 4X4 chargés passaient rapidement s’enquérir de nous puis partent vers le lieu prévu pour le déjeuner. Une fois arrivés sur

place, fatigués de toute une matinée de marche, on trouve un déjeuner bien servi au fin fond du désert et on commence à se rendre compte du luxe dans lequel on vit au quotidien sans s’en rendre compte.

Après un bon déjeuner, c’est l’heure du thé. Le fameux thé en trois étapes préparé à la braise par Hadj Abdelkader. Quel honneur ! Être servi par un notable de la ville de Djanet venu nous accompagner. La cinquantaine, sourire ravageur, tenue blanche, chèche bleu azur, assis sur le sable à écouter la radio et à discuter un peu avec nous, d’une simplicité impressionnante, il dégage une classe que j’ai rarement vu. Peu à peu, la fatigue s’en prend de nous et chacun commence à prendre un matelas pour se reposer un peu. C’est l’heure de la sieste.

Une bonne demi-heure plus tard, le temps est à la reprise de la marche. Toute une après-midi à explorer un désert aussi vide que riche. Il faut faire la différence entre voir et regarder. Le décor planté est tellement beau et imposant qu’on a l’impression d’être dans une carte postale à 360 degrés. Les mots ne suffisent pas. 17h, on arrive à notre point de bivouac, cha-cun plante sa tente puis va prendre son café de l’après-midi. Tout de suite après, on se retrouve autour du feu de camp avec les Touaregs et là, place à l’improvisation, à la dis-cussion, aux jeux et aux blagues. Et ce n’est pas le sens de l’humour qui manque de ce côté du pays. Petit à petit, chacun s’efface à mesure que le feu baisse, c’est l’heure de dormir pour certains. Pour d’autres, l’heure est à la contemplation du ciel plein

d’étoiles. Toute la nuit. Comme une prière.

Et chaque jour, c’est les mêmes sensations : la surprise de se réveil-ler dans un endroit magnifique, de marcher, de voir des peintures et des gravures rupestres datant de milliers d’années, de l’air frais et le souffle coupé par la beauté du paysage. Et au fil du temps, on commence à com-prendre pourquoi le Tadrart a cette réputation d’être l’un des plus beaux déserts au monde. C’est ce mélange entre le sable jaune, rouge et noir avec la roche dans une même région. Cette roche taillée par les vents pen-dant des millénaires ayant créé des sculptures et des formes si évidentes pour notre imaginaire qu’on a l’im-pression d’être dans un musée à ciel ouvert. Cette expression n’a jamais eu autant de sens pour moi que lorsque je marchais dans cette région et que Chérif s’est arrêté d’un coup, s’est baissé vers le sol et ramassé un bout de poterie datant d’au moins 4 mille ans pour me le montrer. Afin de le préserver de la nature, on a marché quelques centaines de mètres et il l’a déposé sur une très grande pierre où il y’avait plein d’autres morceaux de poterie. « C’est un musée » me dit-il. Impressionnant comme concept ! Au fond, c’est un musée de 80 kilomètres carrés.

La marche a eu raison de moi après plusieurs jours d’efforts, une tendinite m’oblige à fausser com-pagnie au groupe et à rester avec les Touaregs et là, c’était tout aussi enrichissant. Les voir aussi heureux d’être ensemble dans le désert, à décamper en dansant sur la musique targui blues après la sortie du groupe en randonnée. Chacun connait sa mission d’une manière très précise tout en apportant son aide à l’autre quand il le faut. Et le chef de l’agence de voyage, debout à observer timi-dement comme un patriarche, chu-chote quelques recommandations qui sont exécutées sur le coup. Il n’y a pas d’ordres, mais une autorité morale et des regards complices. Quelle finesse ! Tout de suite après, c’est le départ vers notre prochain campement. Je suis à l’arrière du 4X4 conduit par Kader, grand et athlétique gaillard, très vif et souriant avec un état d’esprit méditerranéen, Ray-Ban, musique touareg à fond et paysages magnifiques tout au long du chemin. Nous dépassons le groupe en plein randonnée après avoir demandé s’ils ne manquaient de rien, puis nous

Photo par Mourad HAMDAN

Par Issam BEKHTI

avançons petit à petit en groupe de véhicules et soudain, les chauffeurs se font des signes entre eux, se rap-prochent et commencent à parler le tamasheq puis redémarrent et on a l’impression qu’ils font un détour quelque part. Quelques centaines de mètres après, on trouve une grosse branche d’un arbre mort de sèche-resse. Il s’agissait de ça, tout de suite toute une logistique se met en place pour découper l’arbre en plusieurs troncs à la hache. Kader se blesse à la main avec un bout de bois, Youcef de son tempérament très sobre lui enlève la hache des mains et l’oblige à aller se soigner. La blessure n’à pas l’air d’inquiéter Kader. Une fois fait, on charge le bois. On aura de quoi se réchauffer pendant tout ce qui reste du séjour.

Nous avons redémarré à desti-nation de la plus grande dune de la région, Tin Marzouga. On est à l’endroit le plus reculé du sud-est algérien, à 20 kilomètres de la Libye et à 10 Kilomètres du Niger. On ins-talle rapidement nos tentes et on va à la rude montée de la dune jusqu’en haut. Nous y parvenons à quelques minutes du coucher du soleil… et quel coucher de soleil! Des mon-tagnes en roche à perte de vue et ce jaune doré qui devient orange puis rouge, puis disparait petit à petit, laissant le noir prendre leur place.

Le lendemain, nous continuons l’aventure et nous sommes tellement sous le charme de la région et de son mode de vie que nous la troquerons bien avec le nôtre sans conditions,

mais hélas, chaque chose a une fin, notre séjour se termine. Nous avons parcouru plus de 60 kilomètres pour revenir à Djanet, le temps d’une douche et d’un saut au marché pour acheter quelques souvenirs. C’est le temps des au revoir. Demain très tôt, on démarrera pour 36 heures de route encore vers Oran. Le temps de se remettre émotionnellement de ce voyage. Tel un pèlerinage.

Qui de nous va oublier Nadia, Hadj Baba, Cherif, Clay, Youcef, les deux Salah, Kader et Hadj Abdelkader ? Qui va oublier les 63 kilomètres de marche dans une nature si imposante ? Ce qui est sûr, c’est que quelque chose en nous a changé à Djanet.

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KSAR D’AGHLAD UNE LEÇON D’ARCHITECTURE DU MAALEM - ARCHITECTE ALGÉRIEN KACI MAHROUR

Photo par Jawed ZENNAKI

Blanches casbahs, médinas à l’abri de hauts remparts,

terrasses où se languissent les femmes, oasis, souks et épices enivrantes représentent pour beau-coup1 l’habiter en Afrique du Nord.

Seulement, l’architecture et l’urbanisme de cette région ne peuvent se réduire à ces images d’Epinal. Le patrimoine architec-tural et urbain algérien, témoin d’une histoire séculaire, demeure méconnu et l’ingéniosité créative de ses maâlems2 reste à découvrir. Du Sud au Nord de l’Algérie, l’héri-tage architectural urbain est riche et varié, les habitations, en nombre important, sont représentatives de la dimension intrinsèque d’une identité culturelle urbaine vernaculaire. Elles identifient des savoirs et des savoir-faire, des modes de vie, des systèmes d’occupation et de gestion de l’espace et par là, un langage architectural propre qui identifie l’art d’habiter en Algérie. Nous estimons que cette esthétique est toujours en quête de reconnaissance et

d’acceptation afin d’exister en contre-pouvoir aux stéréotypes architectu-raux qui réduisent l’architecture de l’Afrique du Nord à des arcades et à des coupoles. Souvent dans l’imagi-naire collectif, dans le désert on vit sous une tente, non loin d’un palmier et avec de la chance, tout près d’une oasis !

Pourtant la réalité est toute autre aujourd’hui : le Sahara algérien est bel et bien urbanisé. On peut remettre en question le type d’urba-nisation et l’architecture produite de nos jours dans ses nouvelles villes, mais le fait urbain y est une réalité indéniable. Malheureusement, la notion d’urbanité inhérente au Sahara depuis de nombreux siècles demeure méconnue. Dès que l’homme s’est établi durablement dans ce territoire, son habitat s’est formalisé en noyau urbain : l’Aghem3.

Les Aghems ou les ksour sont ces imprenables forteresses érigées sur les grands parcours caravaniers qui

reliaient le Nord au Sud de l’Afrique subsaharienne. Leurs différents dis-positifs défensifs ont suscité l’intérêt des chercheurs quant à leurs origines historiques, leurs modes de construc-tion et les coutumes des groupes ethniques qui les créèrent4. Ces ensembles architecturaux et urbains sahariens sont des composants du patrimoine historique algérien. Afin de préserver et de promouvoir ces lieux d’exception architecturale, de nombreuses manifestations cultu-relles, des colloques nationaux et internationaux et des démarches de classement sont fréquemment organisés, notamment dans les sec-teurs de Taghit, de Tinerkouk et de Tèmacine. Le projet « La route des ksour », initié par l’UNESCO et le PNUD en 2003 et soutenu par la fon-dation des Déserts du Monde, a été l’un des premiers projets à remettre les ksour en réseau à l’échelle terri-toriale en réintroduisant la notion

de route, d’itinéraires et de chemins historiques. En outre, l’Etat algérien a mis en place un vaste programme de restauration de centres historiques des villes du Sud dans le but de sen-sibiliser la population d’une part, à leur patrimoine et d’autre part, à une meilleure exploitation touristique dans l’optique d’un développement durable5.

En parallèle, de nombreux tra-vaux universitaires et recherches doctorales abordent la question de la « quête d’identité architecturale algérienne contemporaine » en ques-tionnant l’héritage des architectures traditionnelles algériennes.

Dans ce contexte de réflexion, il nous semble pertinent de revenir sur la démarche de « projetation » archi-tecturale qu’a entrepris l’architecte-maâlem algérien Kaci MAHROUR (1944-2004) dans la conception de son œuvre manifeste : le projet de res-tauration d’une partie de l’aile exté-rieure du Ksar d’Aghlad Aghriben6. En tant qu’expert Patrimoine auprès de l’UNESCO et fin connaisseur des architectures du Sud algérien, Kaci MAHROUR révèle à travers ce projet de restauration la com-plexité conceptuelle que nécessite toute approche de sauvegarde du patrimoine architectural vernacu-laire algérien. La revitalisation se distingue par sa réappropriation des échelles combinées du territoire et de la cité. Le proche et le lointain se mêlent dans l’éternité de chaque espace recréé.

En Afrique du Nord, le mâa-lem7 est l’architecte incontesté du patrimoine bâti vernaculaire. Il est le détenteur des savoir-faire et des savoir-vivre inhérents à l’art de bâtir à travers ce territoire. En Algérie, le patrimoine architectural et urbain, témoin d’une histoire séculaire, demeure méconnu. C’est à la décou-verte de l’ingéniosité créative de ses maâlemin8, que l’architecte - urba-niste Kaci MAHROUR a consacré sa vie de théoricien et de praticien de l’art de bâtir en Afrique du Nord. L’originalité de son travail tient principalement de sa démarche « d’homme de terrain » où il a mis en place une analyse architecturale et urbaine fondée sur le travail de relevé systématique des espaces de vie, la connaissance topographique des lieux et l’étude de la morphogenèse des centres urbains historiques.

Nous vous invitons à une « leçon d’architecture » par la découverte de ce projet architectural de restaura-tion d’une partie de l’aile extérieure du Ksar d’Aghlad Aghriben9. Ici, son approche projetationnelle illustre la complexité conceptuelle que néces-site impérativement la sauvegarde du patrimoine architectural algé-rien. En privilégiant une démarche de bonne gouvernance et avec un souci de développement durable, son approche associe la maîtrise des tech-niques constructives traditionnelles aux subtilités des espaces archéty-piques de l’architecture savante du Sahara algérien.

Les travaux de l’architecte Kaci MAHROUR se distinguent par une approche pragmatique qui nous offre un regard nouveau axé sur l’inven-tivité du patrimoine algérien. Le projet de réhabilitation de l’aile exté-rieure du Ksar d’Aghlad Aghriben est représentatif de l’aboutissement d’une réflexion, développée pendant plus de trente années d’études et de recherches sur la morphogenèse et la question de l’habité dans les cités du

Sud algérien, à savoir les régions du Touat, du Gourara, du Tidikelt et du M’Zab. Son parcours à valeur initia-tique, fait de patience et de passion, nous dévoile une dimension nouvelle de cet habitat, souvent en contre-pied des interprétations formulées à ce jour.

Afin d’appréhender la complexité de l’architecture vernaculaire algé-rienne et d’attester de l’urgence de sa sauvegarde, le ksar d’Aghlad a été choisi comme site pilote d’in-tervention pour une revitalisation après plusieurs enquêtes réalisées par l’architecte sur les ksour de la région comme ceux de Kali, Ouled Saïd (palmeraie), Ighzer et Hadj Guelmane10. Ce site a été considéré par Kaci MAHROUR comme le lieu le plus porteur de lisibilité car il fait partie d’un ensemble d’une grande unité paysagère et envi-ronnementale que l’on découvre brusquement au détour d’un virage de la route «goudron-née»11. C’est un ensemble de sept «Ighamawen»12 qui abritaient une population installée dans une dépression dans laquelle se trouve une grande palmeraie ensevelie par les sables. La bor-dure du Grand Erg occidental n’est pas étrangère à cet aban-don des populations de leur habitat. On dénombre dans la région plusieurs unités d’habi-tats fortifiés abandonnées dont la lecture architecturale et archéologique est intéres-sante à plus d’un titre. Aghem Amokrane est le site d’inter-vention, car il se trouve sur un piton rocheux qui s’élève à une trentaine de mètres. Son aménagement spatial reflète encore tous les éléments de

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1 En référence aux stéréotypes occidentaux basés sur les images créées depuis les orientalistes et entretenues de nos jours par les agences de voyages et le tourisme de masse.2 Maitre-maçon traditionnel détenteur des savoir-vivre et savoir-faire ancestraux.3 Aghem : terme berbère désignant le noyau originel des villes sahariennes fortifiées de l ’Afrique du Nord.4 Notre travail de recherche en magistère nous a permis de revenir sur l ’ensemble des travaux de classification et de typification des ksour mis en place par les différents historiens, géographes, sociologues et architectes afin de mettre en avant la complexité de cette architecture trop souvent marginalisée. Source : Illili MAHROUR, « Contribution à l ’élaboration d’une typologie umranique des ksour du Gourara », Magistère EPAU d’Alger, mai 2008.5En référence aux travaux de restauration des centres historiques des villes algériennes à partir de l ’enveloppe budgétaire émanant du prélèvement de « 1% des revenus du pétrole ». De même pour la création du centre Capterre : centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre, dirigé par l ’architecte algérienne Yasmine TERKI.6Ksar d’Aghlad Aghriben dans la Daïra de Timimoun, commune de Ouled Saïd , Wilaya d’Adrar.7Maitre-maçon traditionnel détenteur des savoir-vivre et savoir-faire ancestraux.8Pluriel de mâalem.9En tant qu’expert patrimoine auprès de l ’UNESCO, Kaci MAHROUR a réalisé cette revitalisation dans le cadre du projet PNUD/ALGERIE 2000/04, dans la wilaya de Timimoun, commune de Ouled Said, wilaya d’Adrar.10 Tous ces ksour se trouvent au nord de la ville de Timimoun et ont fait l ’objet d’études menées par Kaci MAHROUR de 1988 à 2004.11 Comme dans l ’ensemble des villes africaines, l ’arrivée du « goudron » est synonyme de désenclavement et de développement des villages les plus reculés dans l ’espoir de combattre une grande misère. Il est vrai que l ’aspect poétique des espaces déser-tiques du XIX siècle y perd de son charme, mais « rien n’arrête le progrès » !12 Ighamawen, pluriel d’Aghem, fortin en Zénète.13 Cette configuration de ksar fait partie d’un ensemble typologique complexe que nous avons définit dans notre recherche architecturale : « Contribution à l ’élaboration d’une typologie umranique des ksour du Gourara », Magistère EPAU d’Alger, mai 2008.14 Ce genre d’établissement architectural nécessiterait un programme complexe de revitalisation et de réhabilitation au profit des populations locales d’une extrême pauvreté. 15 Les travaux de désensablement ont été en partie réalisés par les bénévoles de l ’Association Touiza et les ouvriers de la région.16 Mouloud MAMMERI, L’Ahellil du Gourara, Paris, éd.de la Maison des Sciences de l ’Homme, 1985.

chacune des périodes historiques de sa croissance, à savoir un seuil unique avec un pont-levis, des murs remparts rehaussant l’aspect défensif du piton rocheux et des tours de garde situées au nord et au sud contrôlant l’entrée unique13.

Pour recevoir le projet, le choix s’est porté sur la partie de l’aile extérieure du ksar qui est une petite éminence rocheuse éloignée du grand ensemble construit sur le piton rocheux.

L’opération de revitalisation de cette partie de l’aile extérieure avec le pro-gramme de l’ONG locale avait l’ambition de devenir l’amorce d’une opération de

plus grande envergure concernant le corps principal de l’Aghem situé sur le piton rocheux14. L’architecte a effectué un relevé systématique de cette éminence rocheuse et de ses ruines pour proposer l’aménagement des locaux en respect de la mémoire de l’occupation ancienne.

La proposition architecturale de Kaci MAHROUR résulte d’une synthèse typologique des espaces ksouriens émanant d’une connais-sance fine du mode d’habiter gourari. Le projet permet une accessibilité aux locaux qui se trouvent au sommet de l’éminence rocheuse qui rappelle les espaces spécifiques aux constructions du Gourara. Ici, l’entrée symbo-lique est formalisée par un portique de maçonnerie de pierres locales, suivie d’un escalier qui mène à un Asseklou, un espace couvert ouvert servant d’accueil et une Rahba. Les chemins, les rues et les ruelles ont été désensablés15 pour permettre une déambulation aisée des visiteurs et une appréciation juste de la valeur des espaces architecturaux de cet ensemble. De même, les espaces intérieurs et extérieurs ont été proje-tés dans la perspective d’y accueillir l’ensemble des pratiques urbaines chères aux Gouraris et tout parti-culièrement l’Ahellil. Etudiés avec minutie par M. MAMMERI depuis les années 1980 et plus tard par R. BELLIL, les cérémonies et chants sacrés de l’Ahellil16 ont été classés patrimoine mondial immatériel par

l’Unesco en 2005. Dans les ksour du Gourara, cette musique publique se pratique dans les cours des maisons où les soirées durent jusqu’à l’aube. Pour ce faire, le projet accueillant les locaux d’une ONG, les espaces tels que l’Asseklou, la Rahba et la terrasse ont été architecturés de manière à accueillir les soirées d’Ahellil.

Ainsi, le programme du projet architectural combine des éléments fonctionnels et des espaces structu-rant la réhabilitation. Le projet est constitué d’un portique d’entrée, d’un escalier menant à l’Asseklou qui est l’espace de repos à l’ombre, d’une Rahba pour exposition à l’extérieur, des locaux de l’ONG constitués de deux bureaux, d’un espace d’aisance, d’un escalier menant à un espace de rangement en étages et d’un accès à la terrasse qui permet d’apprécier les espaces environnants jusqu’à l’horizon.

La construction a été envisagée par l’architecte Kaci MAHROUR dans le respect de l’architecture locale, caractérisée par une maçon-nerie de pierre calcaire de couleur bleutée, jointoyée avec un mortier à base d’argile verte stabilisée à la chaux. Les planchers ont été réalisés avec des troncs de palmier et diffé-rentes couches de stipes de feuilles de palmier, d’argile stabilisée et de chaux permettant leur isolation et leur imperméabilisation. Les murs des différents espaces internes ont

Par Illili MAHROUR

reçu un enduit frotassé et certaines parties laissent apparaître la maçon-nerie. La menuiserie a été réalisée en bois de palmier plaqué sur du bois rouge en référence aux anciennes techniques de fabrication des portes. Les fenêtres, les portes et certaines parties des murs sont entourées d’un liseré de décorations géomé-triques spécifiques à cette région du Gourara. Ce décor simple est encore visible dans les ruines avoisinantes sur les murs des habitations et de la vieille mosquée. Les fenêtres sont

toujours surmontées d’aérations pour permettre l’évacuation de l’air chaud en été et une certaine venti-lation même avec une porte fermée. Un escalier d’une seule volée relie la partie inférieure à la partie supé-rieure de l’édifice où se trouvent les toilettes traditionnelles modernisées et un troisième bureau qui s’ouvre sur le «stah». Celui-ci est architecturé par « une banquette » périphérique et une porte symbolique qui permet de profiter de la vue panoramique sur le Grand Erg Occidental et plus

particulièrement à l’Ouest vers le grand «Aghem».

Ainsi, la revitalisation de l’Aghem Amokrane n’Aghled du maâlem-architecte Kaci MAHROUR en tant qu’œuvre architecturale et acte de bâtir selon un savoir-faire ancestral, vient donner forme à une architecture moderne consciente du pouvoir « pro-jetationnel » des archétypes architectu-raux gourari dans l’espoir de redonner vie aux architectures majestueuses du désert algérien.

Photo par Jawed ZENNAKI

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doit également être présent sur les différentes plateformes sociales en y publiant différents articles d’actua-lités, chose qui va créer du contenu dynamique et générer du trafic vers le site vitrine de l’organisme. Le relai de cette information doit se faire de façon étudiée sur les différents médias sociaux car le comportement de l’utilisateur est différent sur chaque plateforme : l’heure de connexion, la fréquence des publications, la fré-quence des rappels, sont par exemple différents d’un internaute à un autre.

Être présent sur les réseaux sociaux ne peut se faire de façon aléatoire car avoir un compte quelque part et ne pas l’alimenter pourra se retour-ner contre l’organisme et sera jugé comme inactif. Cela doit donc être étudié au préalable en établissant une stratégie de communication web qui répondra à ces questions : qui est ma cible ? Etre présent sur quel réseau ? Quoi partager ? Quand partager ? Comment générer un bon buzz et gérer un bad buzz ? En répondant à ces questions, nous préparons une stratégie correcte pour un début.

Maintenant, il existe de nouveaux métiers qui sont apparus avec cette évolution web. Une bonne stratégie

De nos jours, les médias sociaux gagnent une place importante et même de choix dans la stratégie de commu-nication d’un organisme, qu’il soit une entreprise ou bien une association. Ne pas être présent sur le web signifie actuellement ne pas être répertorié par les moteurs de recherche ou alors être dans l ’ombre de leurs projecteurs.

Internet en Algérie a un taux de pénétration qui ne cesse d’augmen-

ter surtout avec l’arrivée de la 3G. « L’internaute » représente la cible de toute entreprise ou organisme et il est plus facile de l’atteindre sur les différents réseaux sociaux à savoir Facebook, Twitter, LinkedIn, etc. Quand on parle de « cible » ce n’est pas forcément d’un point de vue com-mercial ou vendeur, mais plutôt dans le sens de « cible d’information » car aujourd’hui, l’internaute est passif, ce n’est pas lui qui va vers l’information mais l’information qui vient à lui.

Il faut savoir que la visibilité sur le web repose sur le contenu (texte, pho-tos ou vidéos) et surtout sur sa carte de visite virtuelle qui n’est autre que le site web. Ce dernier est très important pour n’importe quel organisme afin d’affirmer sa présence sur les moteurs de recherche. Pour booster sa visibilité, l’organisme

STRATEGIE.COM de communication tient la route si l’on dispose aussi d’une bonne équipe, à savoir un social media strategist, un content manager, un graphic ou web designer et pour finir un community manager . Tous ces postes sont pri-mordiaux et complémentaires afin d’avoir une équipe de choc s’occupant de l’e-reputation de l’organisme.

Bien sûr, dans le domaine associa-tif, on n’a pas forcément les moyens de se payer les services d’une telle équipe, mais il est possible de faire un bon travail de rédaction, de gra-phisme et de gestion de communauté pour arriver à cela. Cette dernière est importante car un CM représente le porte parole de l’association et son rôle principal est d’informer, de répondre aux différentes questions, de tenir un calendrier de publications

Le buzz (terme anglais signifiant « bourdonnement » d’insecte) est une technique de marketing consistant, comme le terme l ’indique, à faire du bruit autour d’un événement, d’un nouveau produit ou d’une offre. Assimilée au marketing viral, cette pratique en diffère par le contrôle du contenu (message publicitaire ou de communication).

et de surtout de gérer l’e-reputation de son association.

Certaines personnes peuvent se démarquer dans le milieu associatif en étant « la » personne qu’il faut pour un tel poste et c’est très bien, sauf que je conseillerais fortement de tra-vailler en équipe car en répartissant

Community manager (CM en abrégé) ou Gestionnaire de commu-nauté est un métier qui consiste à ani-mer et à fédérer des communautés sur Internet pour le compte d’une société ou d’une marque. Profondément lié au web 2.0 et au développement des réseaux sociaux, le métier est aujourd’hui encore en évolution. Le cœur de la profession réside dans l ’interaction et l ’échange avec les internautes (animation, modération) ; mais le gestionnaire de communauté peut occuper des activités diverses selon les contextes.

L’e-reputation, parfois appelée web-reputation, cyber-réputation, réputation numérique, sur le Web, sur Internet ou en ligne, est la réputation, l ’opinion commune (informations, avis, échanges, commen-taires, rumeurs…) sur le web d’une entité (marque, personne, morale (entreprise) ou physique (particulier), réelle (représen-tée par un nom ou un pseudonyme) ou imaginaire).

Elle correspond à l ’identité de cette marque ou de cette personne associée à la perception que les internautes s’en font. Cette notoriété numérique, qui peut constituer un facteur de différenciation et présenter un avantage concurrentiel dans le cas des marques, se façonne par la mise en place d’éléments positifs et la surveillance des éléments négatifs.

L’e-réputation peut aussi désigner sa gestion, via une stratégie globale et grâce à des outils spécifiques (activité à l ’origine de nouveaux métiers) pour la pérennité de l ’identité numérique.

les tâches et en sachant gérer une équipe de communication, le travail sera plus facile et plus rapide à faire et l’équipe pourra ainsi faire évoluer cette cellule de communication et travailler sur de nouveaux concepts, de nouvelles activations digitales, etc. On peut très bien être polyvalent et maîtriser plusieurs tâches, mais on ne pourra jamais s’y donner à 100%, d’où l’importance de travailler en équipe.

Pour résumer, une association a besoin des réseaux sociaux pour faire parler de ses activités, évènements et projets. Elle doit travailler sur sa cellule de communication afin de produire du contenu de qualité et savoir comment, quand et où le par-tager afin de mieux interagir avec sa communauté. Elle pourra ensuite analyser cet échange afin de mieux répondre à ses besoins et de mieux collaborer. Par Mehdi LAGHA

POUILLON« C’est un Pouillon ! », expression utilisée par des

Algériens connaisseurs pour désigner certains bâti-ments dans différentes régions du pays. L’expression fait référence à Fernand Pouillon, architecte français (1912-1986) connu en Algérie pour ses travaux qui ont traversé le temps, tels que l’hôtel M’zab (Ghardaia), la cité Valmy (Oran), le port de Sidi Fred, etc.

Ce grand bâtisseur est surtout réputé pour son souci d’intégrer ses œuvres dans leur contexte, construisant des bâtiments qui s’insèrent sur le site pour mieux le mettre en valeur. Sami LOUCIF

Photo par Mourad HAMDAN

Le 25 et 26 septembre 2014, l’asso-ciation Les Nomades Algériens

s’est vue invitée à participer à la 2ème édition de la foire aux métiers tradi-tionnels du bâti, organisée par son partenaire de référence l’association SDH (Santé Sidi el Houari).

Ayant pour but de promouvoir le savoir et savoir-faire tels que la maçonnerie, la taille de pierre, la

forge et la menuiserie, SDH a compté sur la participation de plusieurs asso-ciations œuvrant dans le domaine du patrimoine et de la citoyenneté.

C’est dans un cadre agréable que les participants ont pu redécou-vrir les métiers du bâti et évaluer le travail de l’école chantier de l’association hôte. Cette der-nière œuvre depuis des années pour la formation de jeunes exclus du système scolaire, ainsi que pour leur insertion sociale, mais aussi professionnelle.

LES MÉTIERS TRADITIONNELS FONT

FUREUR À SIDI EL HOUARI

Par Hayet KERRAS

PARTENARIAT

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ECO-CAMP

Par Lina BENDIMERAD

Sous le thème de l ’ éco-responsabil ité,

l’association « Les Nomades Algériens » a organisé le week end du 13, 14 et 15 novembre un camp où le mot d’ordre était l’éco-logie, avec la participation des associa-tions parte-naires, soit l ’a s soc iat ion Santé Sidi El Houari (SDH), l ’ a s s o c i a t i o n SMILE, l’Associa-tion pour la jeunesse et la citoyenneté « AJC », AIESEC in Algeria, et Le Souk d’Oran et ce, en profitant d’un joli carde qu’a offert le complexe "Les Andalouse" d’Oran.

Et en voiture Simone !

En empruntant le bus les cam-peurs ont eu un avant-goût de l’ambiance qui allait régner durant cette formation. Arrivés à desti-nation, un agréable accueil leur a

Bulletin d’information de l’association culturelleLes Nomades Algériens

+213 (0) 541-66-16-82contact@nomades-algeriens.comwww.nomades-algeriens.comOran, Algérie

Bulletin Numéro 10

Rédactrice en chef:Amina Hadji

Edité à 1000 exemplaires

été réservé par le personnel de l’éta-blissement qui leur a remis les clefs des chambres afin qu’ils puissent s’y installer. Quelques heures plus tard

l’ouverture de « l’éco-camp » a été annon-

cée, commençant par la pré-

sentation de l ’association organisatrice et du projet l u i - m ê m e pour ensuite laisser la parole au f o r m a t e u r ,

un expert en environnement

et en écologie, et c’est ainsi que s ’est ache-

vée la première journée de travail cédant place à l’échange de liens et d’idées entre les différents membres des associations et à la découverte des lieux. Après une courte nuit, le travail a repris en mettant l’accent sur les piliers et les principes du développement durable, des ateliers ont été organisés sur l’éco-respon-sabilité, qui ont été adaptés par cer-tains sous forme de petites mises en scène, et qui s’est suivi d'un débat et d'une récolte d'idées. Troisième et

dernier jour, quoi de mieux que de commencer par des petits jeux brise-glace, qui ont contribué au réveil des troupes, ce qui a permis de former un réseau éco-responsable et de travail-ler sur la mise en place d’une charte écologique qui n’attend plus qu’à être peaufinée.

Pour conclure et rester fidèle à l’intitulé du projet « Associations Oranaises Eco-responsables », la citation d’un grand homme « vivre simplement pour que simplement d’autres puissent vivre » Gandhi.

Par Sakhreddine Fenara

On disait qu’au temps de Moise, les habitants de Ténès étaient des magiciens adroits. Le Pharaon d’Egypte aurait même fait venir quelques-uns pour les opposer au prophète israélite. Vieille ville, Ténès était déjà connue en ce temps-là.

Appelée jadis «Carthennas»–«Carth» qui signifie «Cap», et «Thennas» qui était le nom que portait la rivière qui pénétrait la région–la ville était occupée par les Phéniciens, qui l’ont transformée en comptoir commercial.

Elle connut par la suite la domination berbère et romaine et fut appelée définitivement Ténès.

Suite à l’arrivée des Andalous en l’an 300,une nou-velle ville a été construite. C’est là-bas où se trouve actuellement la mosquée de «Sidi Maiza». Considérée comme l’une des plus anciennes mosquées du pays, elle a été construite sous le règne des Arabes au 10ème siècle.

Un brassage de civilisations est instantanément remarqué dans cette ville qui a résisté à la montée et à la chute des puissances coloniales, telles que l’Empire ottoman et la colonisation française.

TÉNÈSNOM DE VILLE ET HISTOIRE

Photo par Saad Taleb bendiab

Photo par Jawed ZENNAKI

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Association «Les Nomades Algériens» - Nom

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